J'ai de la chance, parce qu'avoir un basilic en

J'ai de la chance, parce qu'avoir un basilic en pot c'est mieux qu'un tamagochi. J'ai de la chance parce que le soleil transperce sans arrêt la maison comme une épée. J'ai de la chance parce que j'ai des céréales en forme d'étoiles, parce que je commence à avoir plein de gens qui me demandent des tatouages vraiment bien à faire, parce que j'ai une amie qui habite dans mon jardin, parce que je sais sur quelle épaule poser ma tête, parce que je peux emprunter vingt bédés à la bibliothèque tous les mois, parce que je vais aller à Berlin, parce que ma Meute grandit et devient belle même si elle est loin, parce que le Java Bar existe tous les mardis, parce que je vis avec un petit Gervais, parce que y'a vraiment des livres biens qui existent, parce que j'en suis à la page 95 de ma propre vie, parce que des fois Marcel me téléphone, parce que je fais l'école buissonière tout le temps, parce que j'ai braqué la rue Neuve comme un vrai pirate, parce que mon poisson rouge ne meurt pas, et parce que quand je dors c'est l'île au trésors dans mes paupières.

Aujourd'hui c'était le plus beau jour de ma vie parce que j'ai tatoué une licorne.

( Sur Nathalia, dessin de moi )

J'ai aussi commencé une bédé sur peau© , ça va parler de Marcel mais comme ça va revenir cher en cochon et en formol, pour l'instant il n'y a que la première case.

Voilà.

Je termine sur un portrait de Boris, et un texte sur la ville que j'ai écris pour le projet Graphisme du Malin de Jade.

Cordialement votre, tout ça tout ça.

Je marche à l'épicentre des géants de métal, des tours de verre, d'acier, de passe-passe et d'arnaque. J'épuise sans cesse mon souffle à respirer des ombres, des fumées, à manger des bruits improbables, à boire les stupidités de la foule, ah ! Soulève donc un pavé, trouve moi une seule chose qui ne soit pas grise, une seule parole qui ne soit pas cupide dans la Cour des Obstacles. L'angoisse me traque lentement, je sais qu'on la partage.

J'ai décidé de ne plus rien voir. A force de saturation, j'ai construis pour mes yeux un filtre évanescent qui transforme en merveille l'horreur d'une fourmilière.

Les trottoirs sont des plages, la foule n'existe absolument plus, je ne vois personne à part l'immense plénitude du silence. Je sais très bien que c'est absurde, je sais que ce silence n'existe pas, mais il finit par être là. J'arrive à voir l'horizon à force de ne plus le voir, je vois la mer qui longe le soleil couchant et de nombreux navires qui se découpent en ombres grises, pourtant je sais très bien qu'à cet endroit précis c'est le bâtiment de la banque principale, mais je vois des navires d'une splendeur inouie.

J'ai construit un chemin mental, creusé un tunnel sous les murs d'enceintes avec mon esprit fatigué : Je sens des odeurs qui n'existent pas, des effluves de poisson grillé et de limonade, je sais pertinemment que rien n'est là, mais tout est si parfait, enfin.

Et puis il y a les arbres, pas ces arbres encerclés de grillage croupissant dans la sècheresse incroyable de leur lopin de terre, non, des arbres véritables dont les racines se déploient sans entraves, leurs feuilles sont tellement vertes que... Depuis combien de temps la couleur verte a-t-elle perdu son droit de domination sur les autres ? Elle était pourtant là avant le gris, plus puissante et plus belle, alors depuis combien de temps ? Aujourd'hui je vois les feuilles, je vois le vert reprendre ses droits sur le gris parce que j'ai trouvé la force de sortir de l'enfer.

Je vois des étoiles en plein jour, des couleurs plus saturées que jamais, je suis devenu sourd et aveugle en même temps que je me suis mis à voir et à entendre. Là ou coule le long fleuve métallique du métropolitain, je ne vois plus que des comètes en feu déchirant le ciel sombre d'une nuit de printemps neuve.

Comments

[Crottée]

Parfait ! Je joue l'jeu, j'lirai Moreau.



J'suis allée voir des extraits et y avait trop d'mots qu'j'connaissais pas. Alors, j'ai continué à lire Calvino. Tu connais ? J'te conseille Marcovaldo, c'est ma p'tite tête blonde errante qui m'la offert.

[max]

Je me lasse pas de lire ce texte que t as ecrit pour stef il est vraiment génial !

si tu en fais d autres je suis friant :p

[Capitaine Plum]

Non, je crois pas que Moreau aime parler de peur ou d'echec, au contraire il dit : Se dépasser pour s'atteindre. Le reste, il s'en fout un peu comme des taches qu'il y a sur sa chemise, et c'est ça qu'est bon.



Mais le mieux pour répondre à ta question, c'est de le lire :)

[Crottée]

J'peux pas voir la première case de la bd sur peau.

Même pas drôle





Moreau, il parle de la peur de l'échec, parfois ?