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"Les chèvres meurent parce qu'elles ont faim."
16 août 2012

Monsieur H. sur son petit Vélo.

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C'est un endroit d'ou on ne revient pas tout à fait. Un endroit ou la poussière s'installe chaleureusement dans la gorge. Une poussière soulevée de terre par des millions de pieds, de jambes excitées par le rythme, une poussière qui se pose sur le coeur, le mien, les leurs. C'est stupide de penser que je vais trouver les mots justes, il n'y a que des gestes, des regards, des sourires qui pourraient en parler. J'ai senti tellement de mains serrer mes épaules, de parfaits inconnus qui m'enlaçaient si forts, que j'avais la sensation d'être la mère et le frère disparu, l'amour au paroxysme de l'absurde, l'idéal scintillant dans chaque pupille. C'est un endroit d'ou on refuse de revenir.

J'étais allongée sur une terre arride, sentant presque la courbure du monde m'arrondir le dos. A côté de moi, Paola fumait sa clope en me parlant de crinière blonde, d'un regard vert. En l'écoutant parler de cet amour si fort auquel elle croit, je me souviens comme c'était dur d'avoir 20 ans. Moi, je sais qu'elle la trouvera, la fille de sa vie, j'aimerai pouvoir lui présenter ici, maintenant, son superbe avenir sur un plateau. Mais pour elle, evidemment, il n'y a que des doutes à l'horizon. Pendant ce temps, un type que je ne connais pas passe devant nous, il me regarde comme si nous avions tout vécu ensemble, ce genre de regard qui n'existe que là-bas, avec tant de chaleur qui émane de ses joues.

Nous étions des millions. Personne ne voulait, ne pouvait s'arrêter de danser. Danser était l'unique raison de l'existence, la seule alternative possible. Danser plutôt que de manger, plutôt que de boire, plutôt que de dormir. Pousser son corps dans les abysses de tout possible, taper du pied pendant plus de vingt heures, et ne s'arreter que par pauses quantifiables en secondes. C'est un endroit ou tout pessimisite se voit changer d'avis. Même moi. Surtout moi.

J'avais la sensation de rire et de pleurer à chaque seconde, en continu, les canaux vitaux se vidaient, les caprices quotidiens n'étaient plus que poussière. Poussière. Une poussière qui n'existait que parce qu'il fallait la soulever, qui s'élevait si haut dans le ciel qu'elle venait brouiller les étoiles, plus nombreuses que dans les dessins animés. Un endroit ou personne ne sait l'heure qu'il est, mais surtout : Un endroit ou tout le monde s'en fout, enfin. De tout. Un endroit ou toutes les couleurs du monde se réunissent pour palabrer, ou le gris et le jean son bannis ( oh, merci ). Un endroit ou les plus moches sont magnifiques, et ou même les unijambistes ne s'arrêtent jamais de danser.

Vieillars, marmôts, invalides et jeunes cons étaient présent pour faire battre leur coeur plus fort. Moi, j'étais entourée de la Meute, presque au complet, sourire en étendard, les pieds sales, les joues brunes, les ongles noirs. En six jours, j'avais rencontré plus de gens qu'en trois ans, je rentrais avec des frères dans mon sac à dos, des étoiles dans la gorge, comètes dans les narines. Quand le soleil se levait sur la plaine, j'imaginais Monsieur Hoffman sur son petit vélo, contemplant le spectacle avec les larmes aux joues, les yeux rieurs ( les trois ). Je me disais, tu vois : Tu peux en être fier, de ton enfant terrible.

 

 

 

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Commentaires
M
C'est malin, je veux y aller maintenant!
B
Je me régale à chaque lecture, Capitaine!
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